mardi 5 février 2013

Chronique d'une catastrophe annoncée (Chronicle of a disaster in the making)

La situation européenne reste apocalyptique malgré la détente observée sur les taux d'intérêt réclamés aux pays du Sud et la progression des principales places européennes depuis près de six mois. En France, les chiffres du chômage - pourtant catastrophiques - sont sous-estimés. L'armée de travailleurs en "fin de droits", qui ne bénéficient parfois d'aucune aide, n'est pas comptabilisée. Et la situation est encore plus grave en Grèce, en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne. Au point qu'un scénario de vingt ans de crise, à la japonaise, ne peut être exclu.

Ce n'est pas des États-Unis que viendra le salut. Malgré des compromis successifs, la falaise budgétaire se rapproche inexorablement. Les bonnes vieilles recettes de relance keynésienne en prennent au passage pour leur grade. Le "multiplicateur" keynésien, qui veut qu'un euro de dépense publique génère deux ou trois euros d'activité, ne tient plus la route. Dopés à l'endettement public et privé (la dette totale américaine dépasse 360 % du PIB) et par des torrents de dollars déversés par leur banque centrale, les États-Unis arrivent tout juste à générer 1,5 % de croissance en 2012. Et encore. Ce chiffre tient beaucoup à sa croissance démographique. Rapporté au PIB par tête, il tombe à 0,5 %.

Mais c'est en Chine que la situation est le plus explosive. "La bulle immobilière a atteint un volume deux fois plus important que le maximum atteint par la bulle immobilière aux États-Unis en 2007. Et elle vient d'éclater", rappellent les auteurs. Contrairement à une idée reçue, l'excédent commercial chinois n'a rien d'éternel. En mars dernier, le déficit a atteint plus de 30 milliards de dollars. Face au ralentissement de son économie, la Chine pourrait jouer la carte du nationalisme pour préserver la cohésion nationale.

De fait, Pékin a annoncé en mars 2012 le doublement de son budget militaire d'ici 2015. La menace est suffisamment crédible pour que l'hebdomadaire britannique libéral The Economist lui ait consacré sa une en avril 2012 ("China's military rise").

Alors qu'en 1982 la part des salaires représentait en moyenne 67 % de la richesse nationale dans les pays de l'OCDE, elle est tombée à 57 % en 2007. Le profit des entreprises a beau augmenter, il n'est plus réinvesti faute de débouchés. Ce sont les actionnaires qui en profitent. Bilan, "les profits d'aujourd'hui" ne font plus "les investissements de demain et les emplois d'après-demain, contrairement à la fameuse maxime du chancelier allemand Helmut Schmidt.

Peut-on espérer un retour "magique" à la croissance pour équilibrer les comptes ? Ce serait se bercer d'illusions. Si nous évitons l'explosion de la zone euro, si le système bancaire anglais ne s'effondre pas, si la Chine arrive à gérer intelligemment l'éclatement de la bulle immobilière, si les États-Unis ne s'écrasent pas au pied de la falaise fiscale, nous devons miser sur une croissance zéro

Même à supposer que le PIB reprenne sa marche en avant, cela ne suffirait pas à vaincre le chômage. L'explosion de la productivité est trop forte pour permettre au marché du travail de donner du travail à chacun.

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