vendredi 28 septembre 2012

La fin de la « crise » ?

La reprise a déjà eu lieu, mais la crise est perpétuelle Comme vous le savez, je n’aime pas le mot crise que les médias emploient pour décrire la situation actuelle. Je pense qu’il s’agit tout simplement de l’évolution normale de notre société depuis ces 30 dernières années, la classe moyenne occidentale voit son niveau de vie baisser, voir s’effondrer mais c’est dans la logique des choses, 1 milliard d’habitants dans les pays en développement ont quitté la pauvreté pour basculer vers la société de consommation, les richesses augmentent moins vite que la démographie donc par définition la part du gâteau réservé à chaque être humain va en déclinant… Et comme nous avions une énorme part du gâteau, il est normal que nous soyons les premiers touchés, c’est mathématique. S’il fallait une autre preuve, les services de Bercy ont sorti discrètement un rapport il y a deux mois précisant que le chômage pourrait refluer de manière significative en France à partir de 2050. Il nous reste encore 40 ans à manger notre pain noir. Enfin, par définition, une crise est un moment bref donc au niveau économique au maximum un trimestre Alors que les médias ne cessent de nous rappeler que nous sommes « en crise » depuis 2007… J’ai eu envie d’écrire cet article car hier le PIB américain a été annoncé en progression de plus 1,3 % pour le troisième trimestre et tous les journaux, stupidement, ont repris à l’unisson les dépêches Reuters et AFP disant que le PIB américain était décevant, que la crise était loin d’être finie… Pour penser par soi-même, ce n’est pas bien compliqué, une recherche sur Google nous permet de trouver le taux de croissance des États-Unis de 2005 à 2011, cela prend 15 secondes : Le taux de croissance des Etats-Unis de 2005 à 2011 : 3.2% (2005), 2.8% (2006), 2% (2007), 0% (2008), -2.6% (2009) 3% (2010) 1.5% (2011) 1.3% (2012 sur 3 trimestres) Que pouvons-nous constater sur le PIB américain ? Qu’en 2005 et 2006, alors que la fameuse crise n’était pas là, le PIB américain se trouvait aux environs de 3 % de croissance annuelle (on était alors en surchauffe de l’économie, Alan Greespan augmentait les taux pour ralentir la croissance … (peur de l’inflation).Donc 3% par an c’est déjà énorme pour une économie comme les USA (sa marge de progression est mathématiquement moins importante qu’un pays comme le Soudan par exemple). Notons donc que 3% = surchauffe pour l’économie américaine. Effectivement nous constatons qu’il y a une crise en 2008, une récession en 2009, une reprise en 2010 de +3% qui annule la récession de 2009, un tassement de la croissance en 2011 et qu’en 2012 nous sommes sur les trois premiers trimestres de l’année à 1.3 % de hausse du produit intérieur brut américain ce qui le place juste en dessous de sa moyenne sur les 70 dernières années : la reprise économique est donc là, devant nos yeux, et la bourse ne s’y trompe pas puisque les indices américains sont quasiment au plus haut historique. J’invite donc tous ses « journalistes » à découvrir la loi d’Okun notamment… nous n’aurons plus une croissance de +5% comme dans les années 60, il ne faut plus rêver… donc le chômage est endémique, ce n’est pas une crise, il est là pour toujours, il faut s’y habituer et faire avec. Tant que l’on utilisera le mot « crise », cela donnera la fausse illusion que nous pourrions retrouver le plein emploi… C’est faux, pas de notre vivant… Je pense que comme d’habitude les médias ont toujours six mois de retard, je me rappelle il y a deux ans quand je trouvais que tous les prix augmentaient fortement, les reportages du journal télévisé nous expliquant par A+ B que les prix n’augmentaient pas, que l’euro n’avait pas fait augmenter les prix… Pour retourner totalement leur veste quelques mois après. Alors pourquoi les médias continuent à vouloir faire peur, à parler d’une crise ? Tout simplement parce que depuis deux ou trois ans ils gagnent leur vie comme cela, les gens achètent les journaux, regardent plus le journal télévisé parce que c’est angoissant que c’est dans la nature humaine d’être attirée par cela. Il y a d’excellentes études universitaires américaines qui montrent que la volonté de sur angoissement est recherchée et voulue par les médias pour tout simplement faire de l’audience car la majorité des téléspectateurs est attirée par le côté violent, morbide, voyeur de la télévision. Une émission intelligente sur Arte ne fait même pas 2 % de l’audience d’un Secret Story, ce n’est pas un jugement moral mais il faut en tenir compte de notre approche du trading : l’information que l’on nous donne est une information de caniveau que tout le monde doit comprendre. Et cela a hélas de graves conséquences pour les jeunes traders : beaucoup cherchant des conseils, mais est-ce réellement des conseils qu’ils recherchent pour réfléchir ou bien suivre aveuglément ce que Marc bidule a dit ? J’ai vu ainsi durant tout cet été des traders obstinés se mettant à vendre à tout-va parce que Marc ou Jean-Louis a dit que c’était la fin du monde depuis 4 ans et ce faisant ainsi laminer en trois mois. Et puis il y a aussi le train-train, c’est la crise, rien ne va, on râle, c’est dans les habitudes. Mais il y a aussi la possibilité d’une volonté inconsciente ou non de contrôler la population par les médias : il serait très délicat d’expliquer aux gens qu’il n’y a plus de crise, que les PIB mondiaux n’ont jamais été aussi important de l’histoire de l’humanité et in fine, pour eux, pour la masse grouillante, que la situation va continuer à se dégrader alors que la richesse augmente. Le mot crise est en fait un paravent qui empêche de réfléchir sur, au hasard, la répartition de la richesse en France (entre 2007 et 2012 le pouvoir d’achat des classes les plus aisés a progressé + 25 % en France), de la réalité tangible d’une dette où la banque centrale européenne prête à 0 % aux banques qui ensuite reprêtent aux États Européens à des taux entre 2 % et 6 %… Je crois donc que pour être un bon trader il ne faut surtout pas suivre les médias généralistes voire spécialistes, ils ne sont pas là pour décrypter la réalité auprès du public mais pour faire de l’audience donc agir sur l’angoisse au mépris du bon sens. En conclusion, la « crise » est peut-être déjà passée, du moins aux États-Unis d’Amérique, mais il faut bien comprendre que nous pouvons avoir en France un taux de croissance + 5 %, cela n’arrangera pas la situation de la population : nous nous mettrons à créer des emplois, il y aura un demi million de chômeurs en moins, mais les emplois créés seront des emplois intérimaires, précaires, mal payés. Ce type d’emploi est devenu la norme, je pense que nous raisonnons encore avec des représentations des années 60 70 qui n’ont plus aucune raison d’être. L’année dernière 90 % des emplois en France créés étaient des CDD de moins d’un mois. Puisque nous parlons essentiellement de bourse sur ce blog, j’aimerais faire passer ce message : la situation de la bourse n’a rien à voir avec le ressenti de la population ou une situation individuelle, il faut faire abstraction de son cas particulier et des représentations angoissantes des médias (ils ont un impact que sur les petits épargnants, les gros ont des experts, réels, qui font des notes de synthèse sur la situation réelle). Si nous regarde honnêtement les choses, jamais les entreprises n’ont réalisé autant de bénéfices, jamais elles ont pu augmenter leur productivité aussi rapidement en faisant pression sur les salaires dans les pays riches grâce, et je dis bien grâce au développement du chômage, le chômage dans les pays riches est une bénédiction pour les multinationales : elles n’ont plus à augmenter leurs cadres, leurs chercheurs… Car ils ont peur de perdre leur emploi, ils acceptent donc comme aux États-Unis des baisses de salaires ou bien travailler quelques heures en plus chaque semaine « gratuitement ». Alors classiquement, on me répond, « mais si les gens sont au chômage ils ne vont pas acheter, cela n’arrange pas les entreprises… ». Là encore, cette vision à 40 ans de retard, elle est européocentrique , cela était valable dans les années 60 quand il n’y avait pas de mondialisation et que le marché français représentait quelque chose… pour donner une image simple : quel impact à sur les comptes de la société L’Oréal le fait que la France compte 1 million de chômeurs en plus ? Réponse : absolument aucun impact car durant la même période de temps L’Oréal a pu conquérir 50 millions de nouveaux consommateurs Chinois, Indiens, Brésiliens… qui viennent d’arriver au paradis des consommateurs, ce qui explique les bénéfices records de la très grande majorité des entreprises mondiales En étant brutale, cette crise est une grande chance pour les multinationales qui ont pu se restructurer et faire pression sur les salaires, sur la productivité dans les pays occidentaux alors qu’en même temps s’ouvrait de nouveaux marchés juteux, avec des consommateurs avides. La France, l’Europe ne sontt plus le centre du monde et cette crise nous le montre même si nous ne voulons pas le voir. Qui sait par exemple que le Brésil, qui a vu sa pauvreté baisser de 35 % en dix ans, amenant ainsi plus de 20 millions de nouveaux consommateurs dans la classe moyenne, se place devant de très nombreux pays européens et que eux, ils n’ont pas connu la crise. Bref, la reprise économique a déjà eu lieu aux USA, mais la crise est perpétuelle pour les Occidentaux Cet article n’a rien à voir avec une vison bull ou bear de la bourse, je préfère préciser, rassurez vous la bourse va finir par baisser, après avoir pris +50% en 1 an et en étant aux plus hauts historiques, mais cela n’aura rien à voir avec la « crise » même si Jean Louis et Marc ressortiront en clamant « vous voyez j’ai raison, le cac 40 à 2000″ ^^ Il n’y a pas de crise, nous sommes dans l’état normal des sociétés occidentales post 30 glorieuses, s’il faut attendre une croissance de +5% par an et le retour du plein emploi pour dire que la « crise » est terminée, on va attendre encore longtemps… Adaptons nous, le chômage est normal, une croissance de +1.5% est déjà un exploit… et avec +1.5% de croissance par an le chômage ne baissera pas, stagner au mieux. Reflexion que je partage à 100% pris sur un blog : http://www.andlil.com/fin-crise-6497.html

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